mercredi 14 janvier 2009

La femme de ma vie

Je ne sais pas si cela transparait à la lecture de mes billets, que ce soit ici, sur Sinoiseries ou sur Sinogastronomie, mais lorsque je jette ma prose sur la place publique, c’est souvent à elle que je pense, m’accompagnant déguster les nouilles du Weiji, me donnant le détail de ce qu’elle veut dans son sandwich du petit-déjeuner acheté dans une ruelle de Taipei, ou encore m’expliquant que les recettes que je donne sont trop compliquées, et que de toute façon, elle n’a pas le temps de faire la cuisine.
Lorsqu’elle surgit dans mon esprit (ce qui arrive tous les jours sans exception), c’est souvent la chanson de Georges Brassens qui vient en fond sonore, vous savez, celle qui fait « Je m’suis fait tout p’tit devant une poupée... »
On est souvent incertain des suites que l’avenir réserve à une relation, mais cette relation-là, je suis sûr qu’elle ne s’arrêtera que lorsque la Grande Faucheuse viendra me demander des comptes. Et encore, qui sait ?
Ce que je trouve de particulier en elle ? C’est indéfinissable. Sa double origine franco-taïwanaise lui donne un charme inégalable. Elle est intelligente. Elle est belle. Elle a certes un caractère de cochon, elle peut être impitoyable, cruelle, mais je suis faible, et je lui laisse passer tous ses caprices.
Avec moi, elle est intransigeante. Elle critique ma façon de m’habiller, de me coiffer. Elle n’aime pas toujours mes amis, ni, surtout, mes amies. Elle pense que je suis trop vieux, trop gros, trop…
L’éloignement géographique (elle est en France, je suis en Chine) nous pèse à tous les deux, mais nous n’avons pas le choix. Malgré tout, malgré la distance et malgré le temps, jamais ne nous ne nous sommes éloignés l’un de l’autre. Il arrive que perdions tout contact pendant une, deux, voire trois semaines, mais cela n’a jamais d’importance, nous finissons toujours par nous retrouver.
J’ai peur parfois qu'un autre homme me l’enlève, j’ai peur de perdre un jour ma place dans son coeur, tout en sachant que cela devra fatalement arriver. Espérons que cela n’arrivera pas trop vite.
J’ai peur aussi qu’un autre la fasse souffrir, qu’il manque d’attentions, qu'il soit incapable de la comprendre comme je la comprends, de l'apprécier à sa juste valeur comme je le fais.

Son nom ? Benjamine, elle a seize ans… et c’est ma fille.











Neihu, Taipei, été 2008

4 commentaires:

  1. Superbe texte, très émouvant! Et la "chute" est ... renversante! J'espère que tu écriras d'aussi beaux textes sur ton (très) prochain séjour au Cambodge.
    François.

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  2. Merci pour le compliment, François.
    J'essaierai de faire au moins aussi bien pendant mon séjour au Cambodge (dans exactement 5 jours)
    Pascal

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  3. Bonjour Pascal,

    Je suis Cambodgienne vivant en France et j'adore les 2 pays.
    Je trouve très émouvant le texte sur ta fille, c'est à pleurer !
    Bravo pour ton écriture, simple, aérée, touchante et riche !
    Nous pouvons peut-être nous rencontrer un jour à P.Penh ? je suis mariée...rien à craindre donc, c'est par pure amitié pour parler du Cambodge ou plutôt pour s'écrire à propos du Cambodge, toi qui as l'air d'aimer ce pays.

    Amicalement
    Orchidée

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  4. Bonjour Orchidée,
    Merci pour ce commentaire.
    Je suis en ce moment-même à PP... Je suis arrivé vendredi soir, et je pars demain matin pour Battambang.
    Cela fait vraiment plaisir d'être au Cambodge. Il fait bon, les gens sont toujours aussi gentils... et je vais certainement encore prendre du poids à cause de la cuisine cambodgienne...
    Amicalement,
    Pascal

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