samedi 30 janvier 2010

Deux semaines à Phnom-Penh

Cela fait donc deux semaines aujourd’hui que notre petite famille est à Phnom-Penh. Deux semaines seulement, mais nous avons déjà pris quelques repères.
Nous avons inscrit Léo à une maternelle française, Tchou-tchou. Il s’agit d’une part qu’il ne soit pas toute la journée dans nos pattes, et d’autre part qu’il sache qu’il existe une vie en-dehors de la maison et qu’il soit avec d’autres enfants. L’avantage aussi est qu’il est obligé de parler français, puisque personne ne parle chinois.
Il a un peu de mal à se faire comprendre de ses maîtresses, mais il a fait des progrès notables en français, et le chinois n’est plus forcément sa langue automatique quand il s’exprime (ce qu’il fait sans discontinuer). Je suis sûr qu’il apprendra le cambodgien, mais pour l’instant, tout ce qu’il sait dire dans cette langue, c’est « âkun » (merci).
Nous avons loué un petit appartement de deux pièces sur la rive est du fleuve. C’est un appart-hôtel, et le loyer (300 dollars par mois) est relativement modéré, mais le choix n’est pas très judicieux : nous sommes un peu loin de tout (il faut prendre un bac pour se rendre en ville, ou faire un large détour par le pont japonais), et l’éloignement par rapport à l’école du petit monstre fait exploser notre budget transports. Nous chercherons probablement un autre nid une fois le contrat de location en cours (deux mois) arrivé à son terme.
Le lieu où nous habitons a cependant l’avantage d’être situé à une dizaine de minutes à pieds de « Kids Cool », petit parc d’attraction pour les enfants à partir de 18 mois, que Léo a adopté dès sa première visite. Immense toboggan qui atterrit dans un petit bassin dont le garnement a fait sa piscine, petit terrain de foot sur gazon synthétique, mur d’escalade, salles de jeux diverses... Il y a une foule d’animatrices et d’animateurs qui s’occupent des enfants et les parents peuvent se relaxer. Il y a même un accès Internet par wifi ! Dix dollars par enfant pour la journée, gratuit pour les parents accompagnants leurs bambins. Dimanche dernier, après cinq heures de jeux divers et variés, Léo ne voulait toujours pas rentrer à la maison. Nous prévoyons de renouveler l’expérience aujourd’hui.
En attendant la suite de nos aventures, voici une petite photo de l’une des toutes premières créations artistiques dudit petit monstre, réalisée sous la direction d’une animatrice de Kids Cool...

mercredi 20 janvier 2010

Chinoiseries administratives

Pascal-en-Asie est remis sur les rails, ce qui signifie donc que j’ai de nouveau accès à Blogger, donc que je suis hors de Chine... et que la censure en Chine n’est pas un vain mot... Passons !

Emilie, Léo et moi sommes en effet arrivés à Phnom-Penh dimanche dernier, 17 janvier 2010. Notre séjour cambodgien devrait se prolonger jusqu’au 10 avril environ, j’aurai donc l’occasion de vous parler amplement du Cambodge.

Mais avant cela, un petit billet sur les « difficultés » que nous avons eues à faire sortir Léo de Chine.

Léo est né de l’union illégitime de mézigues et d'Emilie, alias Qi Hailan, chinoise de souche, brillant par sa beauté, son intelligence... et son mauvais caractère. Je dis illégitime, car à l’époque où Léo est né, nous n’étions pas encore mariés. Cela signifiait que Léo ne pouvait pas être déclaré à l’état-civil chinois. Cela m’importait peu, puisque de toutes façons je voulais lui faire obtenir un passeport français, ce qui fut fait sans problème en déclarant sa naissance au Consulat général de France à Shanghai. (Les adeptes de l’illégimité en matière matrimoniale doivent cependant se préparer, car la déclaration n’est possible que dans les 30 jours suivant la naissance du bambin, et nécessite la production de documents administratifs divers. Allez voir sur le site du Consulat général de France à Shanghai, vous y trouverez les infos idoines.)

Bref, Léo a obtenu rapidement son passeport français, et Emilie et moi avons finalement temps convolé en justes noces...

Léo a passé un peu plus de deux années insouciantes à Suzhou, à grandir, se forger un caractère, faire des caprices et apprendre : 1. à parler chinois avec maman ; 2. à apprendre le français un peu avec papa, et beaucoup avec les DVD de Tro-tro, de Petit Ours Brun et des Télétubbies (muni d’un passeport français et toujours démuni d’état-civil chinois, puisqu’il n'est pas possible de « rattraper le coup » et de faire inscrire l’enfant à l’état-civil une fois la situation maritale des parents régularisée).

Tout aurait continué à se dérouler dans le flou artistique le plus complet en matière d’état-civil pendant de nombreuses années si nous n’avions décidé de nous rendre au Cambodge, en vue d’une installation possible (prochaine, probable).

Il fallait donc faire sortir Léo de Chine ! Il a bien un passeport français, mais pas de visa d’entrée, donc refoulement certain à l’immigration chinoise. J’appelle mon « copain » de bureau en charge des affaires étrangères au sein de la direction de la sécurité publique (on dirait chez nous, le bureau de étrangers de la préfecture de police, ou quelque chose d’approchant), qui, après avoir entendu l’exposé de notre situation m’explique que, nenni, l’enfant étant né en Chine, et de surcroît de mère chinoise, il est considéré par la loi chinoise comme étant de nationalité chinoise, donc r.à.f de son passport français. Dis en termes plus choisi, son passeport français n’a aucune valeur, les autorités chinoises ne veulent d’ailleurs même pas l’entrevoir. Pour sortir de Chine, il faut lui faire établir le laisser-passer qui lui permettra de quitter l'Empire du Milieu.

Munis de la documentations idoine, nous nous présentons devant la guichetière du bureau de la sécurité publique, qui exige de connaître le nom chinois de l’enfant (« Il est chinois, il a donc un nom chinois, normal, non ? »). Léo est donc derechef baptisé Meng Lei 孟磊.

C’est ce nom qui est porté son laissez-passer, et c’est ce nom qui devra donc être utilisé sur son billet d’avion !
Nous prenons donc un billet aller simple Shanghai-Phnom Penh (TRÈS CHER), demandons pour Léo un visa auprès du Consulat du Royaume du Cambodge à Shanghai, et débarquons à Phnom Penh sans encombres... ou presque, puisque la valise d’Émilie est perdue, mais il ne s’agit là que d’un détail...

J'ai l'honneur de vous présenter Léo, alias 孟磊