mardi 17 février 2009

Nouvel an chinois 2009 au Cambodge : Jour 3, épisode 13 – Route Nationale 5, première partie


La route nationale 5 est la route qui conduit de Phnom-Penh à Battambang, Sisphon et Poipet, en passant par Kampong Chhnang et Pursat, au sud du Tonlé Sap.
Si vous ne connaissez pas le Cambodge, ne vous laissez surtout pas impressionner par l’appellation de « route nationale » ! Il s’agit dans le meilleur des cas d’une route goudronnée avec un nombre limité de nids-de-poule, sur laquelle les camions côtoient allègrement les motoculteurs attelés transformés en autocars découverts (et du coup naturellement climatisés), les chars à boeufs, les enfants rentrant de l’école à vélo ou à pied, les motos, les voitures de tous genres, et bien entendu les cars qui se frôlent à toute allure, allant d’une ville à l’autre, en s’arrêtant dans tous les bourgs pour laisser monter et descendre des passagers.



















Char à boeufs sur la RN5


Des autocars eux-mêmes, on peut dire qu’ils sont une illustration parfaite de l’art asiatique de la reconversion : les trois que j’ai pris de Phnom-Penh à Battambang et retour, puis quelques jours plus tard de Phnom-Penh à Kampot, étaient des cars mis à la retraite par des compagnies de transport taïwanaises. En témoignaient les mentions écrites en chinois traditionnel qui avaient été amoureusement laissées en place par les heureux nouveaux propriétaires cambodgiens, mentions à côté, au-dessus ou au-dessous desquelles avaient été ajoutées diverses mentions en khmer : le nom de la compagnie cambodgienne de transport sur la vitre avant, les injonctions faites au passager de ne pas fumer au-dessus de la place du chauffeur...
Cependant, ont été remplacés les très confortables sièges en cuir, à une large place, avec écouteurs intégrés (« Nous utilisons les sièges de première classe des compagnies aérienne », disaient les publicités taïwanaises), sur lesquels je me suis parfois confortablement installé lorsque je voyageais, à Taiwan, de Taipei à Chunan et vice-versa. Ces fauteuils quasi-présidentiels ont cédé la place à des banquettes, à deux places minuscules, recouvertes d’un tissu à la couleur indéfinissable et d’un confort somme toute assez spartiate. Heureusement, de Battambang à Phnom-Penh, Edvin (le patron de la guesthouse Vilkommen) avait pris le soin de me réserver le siège numéro 1, à l’étage, qui m’offrait une vue imprenable sur la route... Heureusement encore, le bus n’étant pas bondé, loin s’en faut, aussi eus-je la jouissance sans partage des deux places de la banquette. Seul « inconvénient » : la position avancée de la banquette ne me permettait pas de jouir du spectacle des clips vidéo de chansons cambodgiennes romantiques qui étaient projetés sur le téléviseur rustique aménagé à l’avant du bus pour l’entertainment des passagers. Elle me permettait en revanche de ne rien manquer de la médiocrité du système sonore ! (C’est dans ces moments-là que l’on trouve que, finalement, le balladeur MP3 est une invention magnifique.)

Mais parlons donc du périple en lui-même...
En novembre 2008 déjà, j’avais fait l’expérience de la conduite intrépide des chauffeurs de cars cambodgiens, lorsque j’avais voyagé avec ma belle et douce Emilie de Phnom-Penh à Siemréap. Malgré cela, cette fois-ci encore, à chaque fois que nous frôlions à gauche un bus ou un camion allant dans le sens inverse, ou à droite un char à boeufs, un vélo, un pick-up poussif ou un motoculteur que nous dépassions, l’adrénaline faisait son oeuvre ! Et je me demande encore comment, à la vitesse où nous allions et avec l’étroitesse relative de la route nationale 5, nous n’avons pas eu d’accident !
Cette nationale n’est pas la pire route du Cambodge, mais, au moins entre Phnom-Penh et Pursat, c’est loin d’être la meilleure. Le macadam est parfois de qualité hésitante : il est artistiquement agrémenté de trous et d’ornières, les ponts sont malicieusement délimités d’un côté et de l’autre de bourrelets de bithume qui font la liaison entre le tablier et la chaussée et qui mettent à rude épreuve les systèmes de suspension des véhicules, et j’ai bien peur que les pluies de la saison humide n’aient pris le pli de rogner un peu chaque année sur les bords du revêtement qui recouvre la route : sur certaines portions, lorsque nous croisions un bus ou un camion faisant le trajet dans le sens inverse, notre chauffeur était contraint de se déporter sur sa droite pour conserver un intervalle de frôlement suffisant, et il lui est arrivé à deux ou trois reprises de mordre sur la latérite en bordure de route, soulevant dans son sillage des nuages de poussière rouge.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire