mercredi 18 février 2009

Nouvel an chinois 2009 au Cambodge : Jour 3, épisode 14 – Route Nationale 5, seconde partie

La position stratégique que j’occupe à l’avant du car me permet d’embrasser du regard le paysage qui défile devant moi.
Le spectacle de la plaine à perte de vue est apaisant ! Les seuls reliefs, si l’on fait abstraction de la chaîne des Cardamomes que l’on devine sur la ligne d’horizon, vers l’Ouest, sont ceux que constituent les... palmiers à sucre, c’est dire que c’est bien peu de chose ! Il me semble avoir lu quelque part que la portion méridionale de la péninsule indochinoise s’était en fait progressivement constituée, en gagnant sur la mer, grâce au dépôt des alluvions charriées par le Mékong. Le plat pays khmer ne dément pas cette explication.
















Nationale 5, entre Phnom-Penh et Battambang


En regardant sur le bas-côté, on peut voir assez fréquemment un panneau se signalisation routière complètement inconnu sous nos latitudes, mais dont on devine tout de suite le sens : dans un losange pointant vers le haut et le bas, sur fond jaune avec liseré noir, on peut voir la silhouette noire d’une superbe vache, ronde, bien en chair. (Le panneau est bien entendu destiné à attirer l’attention des conducteurs sur les vaches et autres bovidés divers qui sont nombreux à traverser toutes les voies de communication, depuis les routes nationales jusqu’aux chemins vicinaux.)
Si ce panneau constitue votre premier contact avec l’industrie bovine khmère, ne vous laissez pas abuser : malgré les apparences, ce n’est pas du charolais que l’on élève au Cambodge !




























Il suffit de jeter un coup d’oeil rapide aux pauvres vaches maigrichonnes, décharnées, qui déambulent nonchalemment dans les champs ou qui traversent la route de leur pas de sénateur, en traînant derrière elles la corde qui doit servir au bouvier à les tirer quand il y pense, pour se rendre compte que le panneau de signalisation est bien mensonger. Et on comprend aussi, par contre-coup, pourquoi la viande de boeuf que l’on mange au Cambodge ressemble parfois à s’y méprendre à de la vieille semelle : ces pauvres vaches n’ont littéralement que la peau sur les os ! On ne s’en étonnera pas en voyant l’herbe jaune et rare qu’elles s’efforcent de brouter dans les rizières ! Mais peut-être est-ce la race bovine qui donne cet aspect bien peu engageant ? En effet, les buffles sont eux beaucoup plus rebondis. Leurs belles cornes en demi-cercle et leur cuir tendu doivent faire pâlir d’envie leurs cousines laitières !


















Après une escale à la sortie de Pursat, dans un restaurant-café-galerie de sculptures sur bois qui est smeble être l’arrêt obligatoire des chauffeurs de la compagnie de cars qui s’y sustentent d’un déjeuner qui me semble assez peu appétissant, nous repartons pour effectuer la seconde moitié de notre périple vers Battambang. Sur cette portion-là, la route est sensiblement meilleure, et, n’étant plus cahotés par les nids-de-poules, je me mets à somnoler, en attendant d’arriver à destination.
L’arrivée à Battambang est signalée par la statue de la divinité qui porte le « bâton perdu » (c’est ce qui signifie le nom de la ville). Après un dernier arrêt intermédiaire à la périphérie de la ville, le car arrive enfin à son terminus. Je descends, récupère ma valise, salue d’une signe de tête le voyageur qui m’avait interrogé sur les Khmers Rouges et la France, et me mets en quête d’un chauffeur de tuk-tuk.

PS. : Les photos bovines ne sont pas de moi. Elles viennent d'ici pour le charolais, et d'ici pour le panneau cambodgien.

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