mardi 6 janvier 2009

Beuverie

Hier soir, j’étais invité à dîner par un fournisseur. Connaissant l’intensité alcoolique de ce type de soirées en Chine, j’avais pris mes devants et m’étais fait réserver une chambre d’hôtel, dans laquelle je prévoyais de cuver mon vin…

Quel que soit le milieu dans lequel on se place (d’affaires, politique, militaire ou, dans une moindre mesure peut-être, intellectuel), la consommation d’alcool à outrance est semble-t-il le « sport » favori de nombreux Chinois de sexe masculin. Les quantités consommées et la vitesse à laquelle ces quantités le sont (consommées) ont de quoi surprendre le néophyte ! Etre capable d’ingurgiter une quantité astronomique d’alcool, de préférence fort, en un temps record, semble aussi être source de grande fierté.

En Chine aussi, plus on est de fous plus on rit, aussi mon fournisseur avait-il convié aux agapes un ou deux de ses associés, et deux ou trois de ses relations d’affaires. J’étais le seul non-chinois, et j’étais bien sûr à la fois l’invité d’honneur et la cible privilégiée.

Les Chinois sont beaucoup plus souples que les Français quant au choix des nectars dont la consommation est couramment admise au cours d’un repas : le thé joue souvent sur la table le rôle de notre carafe d’eau, et il est possible également de trouver, pour les dames et les enfants, des jus, boissons lactées, boissons à bulles et autres breuvages sans intérêt. Tous les alcools, pur ou mélangés à divers adjuvents, sont aussi admis : bière, alcool blanc (et fort) chinois, vin jaune (de riz), vin rouge (de raisin), whisky, cognac, vodka… Je crois avoir eu l’occasion de marier la cuisine chinoise avec presque tous les alcools que je connais.

D’emblée on me proposait hier de boire du vin (de raisin). Sachant que l’on ne me proposerait probablement pas un Château Pétrus, mais plutôt un succédané du genre Grande Muraille ou Dynastie, je déclinais l’offre, sans même me donner la peine de trouver un prétexte.

Abusant de ma position dominante, j’imposais (un peu au désarroi de mes hôtes, apparemment) que l’on me servît un vin jaune, qui prendrait moins de place que la demi-douzaine de bouteilles de bières de 300 ml que je voyais s’aligner sur la table de service, et qui serait beaucoup moins dangereux qu’une livre d’alcool blanc, titrant à 52°, et de surcroît au goût dont la subtilité échappe à nos papilles occidentales.

Parmi mes compagnons de beuverie, la majorité fit porter son choix sur la bière (chinoise me semble-t-il), mais l’un d’entre eux insista pour qu’on lui servît une liqueur distillée de céréales diverses (et d’ailleurs non identifiées), titrant bien 52° (la confirmation de cette donnée-clé fut demandée avec insistance à la jeune fille qui nous servait), mais en quantité somme toute raisonnable : ½ livre seulement (250 ml) !

Le repas resta somme toute assez sobre, au bout du compte : deux à trois bouteilles par convive pour les buveurs de bière, ½ livre d’alcool blanc pour l’entêté, et une livre de vin jaune pour moi. J’ai connu des soirées autrement plus « traquenardesques ». Mais il y avait bien sûr anguille sous roche, car mon hôte avait planifié son affaire : sagesse au restaurant, pour mieux se réserver à la folie qui devait suivre au KTV. Mais ça, c’est une autre histoire…

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