dimanche 25 janvier 2009

Nouvel an chinois 2009 au Cambodge : Jour 0, épisode 2 – Shanghai

Après avoir dégusté mes nouilles en prenant tout mon temps, je ressors du hall des départs pour aller me geler à nouveau dans le froid sibérien qui a envahi le Shanghai et la région depuis hier, pour une nouvelle pause cigarette.
Alors que je m’apprête à aller prendre mon mal en patience sur un fauteuil en lisant vaguement la suite du tome deux du roman Shujian enchoulu de Jin Yong que je n’ai pas encore fini, je vois que quelques personnes font déjà la queue devant les comptoirs de l’allée J, où doit se faire l’enregistrement pour le vol FM833 de la Shanghai Airlines à destination de Phnom-Penh, qui doit décoller à 20 heures. Il est à peine 17h30, une demie-heure devrait s’écouler encore avant que ne commence l’enregistrement, mais je me dis que puisqu’il faut attendre, autant le faire debout, en prenant la tête de la queue.
Devant moi, il y a déjà en fait une dizaine de voyageurs, dont une famille française, avec trois enfants qui ne tiennent plus déjà en place et qui jouent à chat dans l’allée J. J'imagine mon petit Léo en train de les regarder avec envie, mais n’osant pas les suivre, de peur des réprimandes que je lui ferais sans doute.
Les trente minutes passent finalement assez vite, et je retrouve rapidement avec ma carte d’embarquement. Siège 5D, une bonne place, près de la sortie, sur une allée, comme je l’avais demandé ; embarquement prévu à 19h30, porte 86. Nouvelle pause cigarette et nouveau coup de froid, avant de me dépêcher d’aller faire la queue à l’immigration. L’aéoport de Shanghai est grand, sa capacité a même été doublée il y a un an ou deux, mais l’attente à l’immigration reste malgré tout parfois interminable.
Alors que je m’approche de la queue, le fonctionnaire chargé d’orienter les voyageurs me jette un regard interrogateur et me tend de loin un exemplaire de la fiche jaune, et je me rends compte alors que j’ai effectivement oublié de remplir la petite fiche de sortie. Je le remercie d’un sourire.
Finalement, malgré les apparences, la queue avance vite et en moins de dix minutes je tends mon passeport au fonctionnaire de l’immigration, qui appose le tampon de sortie. C’est le premier tampon sur ce passeport flambant neuf que j’ai récupéré il y a à peine deux semaines au Consulat Général de France à Shanghai.
Juste après le contrôle de sécurité, je jette par acquis de conscience un coup d’oeil au panneau d’information, qui indique que la porte d’embarquement a changé : l’embarquement se fera porte 90.
Les nouilles de l’Ajisen Ramen m’ont calé, et je renonce au plat de boeuf au curry accompagné de riz blanc dont je me sustente habituellement dans l’un des restaurants de la zone d’embarquement, pour aller acheter directement ma bouteille de Glemorangie habituelle, qui accompagnera une partie de mon voyage et me suivra à Phnom-Penh, Battambang, Kampong Chhnang même, peut-être, si elle dure jusque là.
Nouvelle pause cigarette dans un « salon fumeurs » enfumé, sans ventilation et surpeuplé, puis je me dirige vers la porte 90... pour la trouver déserte. Serais-je le seul à avoir vu que la porte d’embarquement a changé ? Nouveau coup d’oeil à un au panneau d’information, l’embarquement se fera en fait porte 80 ! J’ai donc parcouru la moitié de l’aéroport pour rien. La sacoche est lourde, j’ai chaud. J’enlève mon pull-over et le fourre dans le sac en papier « duty free » qui contient ma bouteille de whisky, puis je fais demi-tour et parcours à nouveau la moitié de l’aéroport, dans l’autre sens.
Les tapis roulants sont d’une lenteur exaspérante. La sacoche qui contient l’ordinateur, l’appareil photo numérique, le disque dur amovible, les chargeurs, les câbles, mon exemplaire piraté du Lonely Planet et mon tome deux du Shujian enchoulu, pèse au moins une tonne ! Je suis en sueur. J’atteinds péniblement la porte 80, et je m’écroule dans un fauteuil. J'observe les gens, je vois que d’autres enfants occidentaux sont aussi du voyage.
L’hôtesse annonce enfin l’embarquement imminent, en chinois d’abord, puis dans un anglais approximatif, en expliquant l’ordre dans lequel cela devra se faire : d’abord les passagers de la classe affaires et les passagers ayant besoin d’aide, puis ceux qui sont assis au fond de l’avion et enfin les autres. Je souris intérieurement : ces instructions sont inutiles, car l’embarquement se fera comme d’habitude dans la cohue, dans le désordre le plus complet, les étrangers n’ayant pas compris les instructions, et les Chinois les ignorant royalement. J’attends encore que la majorité des passagers ait fait viser sa carte d’embarquement pour me présenter à la porte et faire viser la mienne.
J’espérais pouvoir accéder à ma place sans avoir trop à piétiner sur place, c’est raté : un voyageur met une éternité à ranger ses sacs multiples dans le compartiment à bagages, puis c’est un voyageur qui a pris la place d’un autre, et on tergiverse pour voir si l’on ne pourrait pas s’arranger.J’atteinds enfin mon siège pour me rendre compte que c’est un Chinois d’âge moyen, un peu corpulent, qui occupe le siège à côté du mien. Je suis un tout petit peu déçu : j’avais (très vaguement) espéré que j’aurais à côté de moi une jeune et jolie chinoise ou, mieux encore, une jeune et jolie cambodgienne, avec laquelle j’aurais pu lier connaissance, elle aurait voyagé seule, nous nous serions découverts de nombreux points d’intérêt commun et aurions décidé de faire le voyage ensemble...

2 commentaires:

  1. Bonjour Pascal,

    Bavard !...je le suis aussi !
    Quel roman ! tu dois être suspendu à ton laptop...moi aussi ! que ne fera-t-on pas avec un outil aussi performant, omni-présent ?...Ouf ! j'ai découvert que je ne suis pas la seule addict à la chose, que je suis, malgré tout, normale :-)

    Merci de ce récit qui me ravit.

    Bon séjour à Battambang, notre grenier à riz.

    Amicalement
    Orchidée

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  2. Bonjour Orchidée,
    Me voici à Battambang, où se poursuivent mes aventures... Je passe quand même plus de temps dans le monde réel que dans le monde virtuel, alors mon blog avance moins vite que mon voyage.
    Je mets en ligne dans deux minutes l'épisode trois, dans lequel je ne suis pas encore arrivé à Phnom-Penh !
    Pascal

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