lundi 19 janvier 2009

Plaisirs simples

Cela va peut-être sembler incroyable à ceux qui aiment la cuisine chinoise, mais l’un des aspects de la vie en Chine suscite le plus de plaintes de la part des expatriés français est la nourriture ! Il est étonnant de voir comment ces messieurs et ces dames font circuler entre eux les adresses des restaurants qui servent de la cuisine occidentale, ou des boutiques où l’on peut trouver du fromage ou du vin ! J’ai même connu un expatrié dont la plus grande fierté (et certainement la plus grande réussite) en ses deux ans d'expatriation était avoir pu trouver un boucher (français, bien sûr), capable de lui fournir de la bavette ! Et que dire des soirées où, entre collègues, nous nous sommes régalés des portions de ris de veau que préparait spécialement pour nous le cuisinier (français aussi, bien sûr) d’un grand hôtel local !
Certains vous diront (et je dois avouer que je ne suis pas loin d’être d’accord avec eux), que le problème de la nourriture en Chine ne vient pas de la gastronomie chinois, mais des restaurants. Dans bon nombre de restaurants, l’origine de la matière première, la cuisson, l’hygiène, la propreté, la qualité du service, l’addition même parfois... tout est approximatif.
Les pauvres expatriés que nous sommes n'avons parfois pas d’autre choix que de se sustenter dans les restaurants de luxe (de préférence sur le compte de la société qui nous emploie lorsque nous recevons des clients ou des collègues en mission), ou alors de trouver une source de matière première acceptable et de faire la cuisine chez soi.
Le tableau que je brosse semble bien noir… Honnêtement, il est un peu exagéré : on trouve de quoi se nourrir dans les restaurants chinois de Chine, assez correctement. Mais il est vrai que notre bonne cuisine de chez nous nous manque un peu, beaucoup, à la folie…
C’est donc avec bonheur que je redécouvre parfois que le plaisir des papilles ne passe pas forcément par un outrage à l’équilibre de mes comptes domestiques. Comme ce soir, par exemple. Je viens de me régaler de deux côtes de porc, accompagnées d’un boîte de flageolets (achetée il est vrai, la boîte, à prix d’or dans un supermarché français).
Il se trouve que l’on commence à trouver depuis peu, dans quelques supermarchés chinois, des côtes de porc qui ressemblent un peu aux nôtres. Ainsi, au Métro de Suzhou, je trouve assez souvent des côtes de porc d’une épaisseur suffisante (ne riez pas : l’épaisseur des côtes de porc chinoises ne dépasse en général pas le demi-centimètre, et encore). On les propose parfois sous une découpe que je ne connais pas en France et que je trouve intéressante : la chair, en oppostion de l’os, est prolongée du gras sous-jacent à la peau de l’animal porcin, surmontée elle-même de cette même peau de ce même animal. Une cuisson à la poêle, lente d’abord pour assurer la cuisson complète de la chair, puis à feu vif dans les dernières minutes pour dorer la surface carnée, permet d’avoir au final une peau et un gras qui ont perdu de leur nature huileuse, pour devenir croquants. Seuls regrets : d’une part, il ne s’agit pas de ces juteuses côtes de porc dans l’échine (l’échine en Chine est découpée en forme de rôti), et les bouchers de Métro, comme presque tous les bouchers de Chine, malheureusement, pratiquent la découpe d’une façon plutôt aléatoire (les épaisseurs respectives de mes deux côtes étaient loin d’être uniformes).
L’assaisonnement était simplissime : sel et poivre. Avouons tout de même que le sel était sous forme de fleur et venait de Guérande, et que le poivre (en grains) était contenu dans une mignonette française, qui faisait office de moulin.
Les flageolets n’avaient quant à eux rien d’extraordinaire. Une simple boîte de ces flageolets prêts à réchauffer. Seul raffinement, c’est dans le jus de cuisson de mes côtes de porc que ces flageolets l’ont été, réchauffés !
Le tout accompagné d’un morceau de pain acheté chez Franco Papa, boulangerie taïwanaise vendant du pain qui mérite le qualificatif de français, et le tour était joué.
Au bout du compte, manger en Chine peut n’être pas catastrophique. En neuf ans de présence, je n’ai d’ailleurs pas perdu de poids, j’ai même plutôt forci…

(Photo : Désolé, quand j'ai pensé à faire une photo, les côtes étaient déjà dévorées...)

2 commentaires:

  1. Si j'ai bien compris, il faut choisir entre la Chine et l'échine...La prochaine fois, tu pourras peut-être utiliser du poivre de Kampot!
    Bon appétit,
    François.

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  2. ;)
    J'ai ramené du poivre de Kampot en grains de mon dernier voyage, mais j'attends que ma mignonette franco-française soit épuisée pour l'"upgrader" en mignonette franco-cambodgienne !
    Pascal

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