mercredi 7 janvier 2009

KTV

Suite de la beuverie du 6 janvier 2009…
Je disais donc que mon fournisseur avait préparé un plan traquenardesque pour cette soirée.
Si la consommation d'alcool avait été mesurée au restaurant, ce n’était pas seulement (bien que ce point eut été évoqué pendant le repas) à cause du renforcement actuel des contrôles d’alcoolémie par la police chinoise, mais aussi et surtout parce que la soirée devait se prolonger dans l’un des principaux lieux de perdition qui fleurissent dans la Chine post-révocu : un KTV (prononcer à la chinoise : « kè-ti-vi »).
Les KTV, connus chez nous sous le nom de « karaokés », sont arrivés en Chine presque en même temps que les entrepreneurs taïwanais. Ils sont d’ailleurs souvent, encore aujourd’hui, exploités par des Taïwanais qui semblent s’être fait une spécialité de l’exploitation des lieux de loisirs modernes plus ou moins (plutôt plus que moins, d’ailleurs) louches tels que : KTV, bains publics, pseudo-salons de coiffure, salons de massage...
Les KTV sont donc des sortes de boîtes de nuit, souvent compartimentées en salons privés, où les clients et les clientes tentent de reproduire, devant un écran de télévision sur lequel passent des vidéo-clips, les chansons à la mode. Les paroles défilent à l’écran, sous la forme de sous-titres, ce qui permet aux clients de ne pas avoir à mémoriser les textes de leurs chanteurs et chanteuses préférés. L’ambiance est festive, et ce genre d’endroit est fréquenté pour toutes sortes d’occasions : fêtes entre collègues ou entre étudiants, sorties familiales... et bien sûr, poursuites nocturnes de rendez-vous d’affaires.
Dans ce dernier cas, l’alcool coule souvent en flots ininterrompus. L’’invitant (par exemple, dans le cas présent, le fournisseur) convie les personnes concernées (collègues, clients, relations d’affaires), en s’assurant au préalable qu’il s’agit bien d’hommes exclusivement. Si des femmes sont par hasard présentes, elles seront reçues dans un salon à l’écart. Car en effet, à peine les invités installés, la cheftaine de meute, la « mami », appelée aussi parfois « mamasan », fait défiler devant l’assemblée celles de ses protégées qui sont disponibles. Il s’agit en effet ni plus ni moins que de fournir de la compagnie féminine à ces hommes esseulés ! Chacun choisit sa chacune, et c’est parti pour une soirée où le volume sonore rivalise avec le volume d’alcool consommé, et où les fausses notes ne sont normalement qu’acoustiques.
Les protégées en question proviennent souvent des quatres coins de la Chine, et viennent ici chercher un complément de revenus (par exemple pour financer leurs études), gagner leur pain quotidien, avoir des ressources qui leur permettront d’aider leur famille (pour soigner un grand-père malade, payer les études du frère cadet, ou améliorer les conditions de vie des leurs parents) , voire simplement amasser un petit pécule pour ne pas arriver les mains vides au mariage ou pour pouvoir ouvrir une petite boutique dans leur village natal.
Il va sans dire que ces jeunes femmes sont rémunérées presque exclusivement au pourboire, qui sera plus ou moins généreux selon le client, et son état d’ébriété. Certaines de ces demoiselles proposent également des services annexes, qui sont monnayés bien entendu, à un taux qui varie parfois selon que le client est étranger ou chinois, et selon l’établissement, la ville, le marché…
J’ai entendu parler d’établissements proposant le même type de services à une clientèle féminine, mais je n’ai sur ce point aucune information de première main.

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