dimanche 19 avril 2009

Nouvel an chinois 2009 au Cambodge : Episode 22 – Rencontres sur le Phnom Sampoeuv

Les escaliers du Wat Banan descendus, les gosses ayant encaissé leur maigre salaire, je remonte dans la cariole de Mr. Saroeurn et nous nous dirigeons vers l’étape suivante : le Phnom Sampoeuv.
Là, d’après mon exemplaire piraté du Lonely Planet, nous attendent : deux temples sans intérêt, un vieux canon datant de l’époque khmère rouge, les « grottes de la mort », et une vue paraît-il époustouflante sur la campagne battambangaise.
Après deux ou trois cigarettes, deux chars à boeuf, deux douzaines d’enfant sur le chemin de la maison après la sortie de l’école, et cinq nuages de poussière avalés, nous arrivons au pied de la colline au sommet de laquelle est juché un temple moderne, au toit doré, que l’on repère de loin, flanqué d’un autre temple au toit décoloré, et d’une antenne des transmissions des FARK (Forces armées royales khmères).
Arrivée vers le Phnom Sampoeuv

Mr. Saroeurn gare sa cariole au bout d’une rangée de cahutes de marchands. J’ai repéré en passant deux ou trois cabanes où l’on sert visiblement de quoi se restaurer. J’invite Mr. Saroeurn à partager mon déjeuner, mais il m’explique en rougissant un peu que pendant que je peinais sur les marches du Wat Banan, il en a profité pour se sustenter. Avant d’atteindre l’une des cabanes sustentatrices, un jeune homme m’aborde en anglais et m’explique que, vu ma corpulence, il ne croit pas que je serai capable d’escalader la montagne au pied de laquelle je me trouve, et que je devrais renoncer à la tentation pédestre pour me porter à son sommet. Il m’annonce d’ailleurs un nombre astronomique de marches. Il me propose derechef de profiter du siège arrière de son vélomoteur, contre espèces sonnantes et trébuchantes. Pas un nuage à l’horizon, le soleil tape, j’ai chaud, et je suis encore tout ému de l’escalade au Wat Banan. Je lui donne donc mon accord de principe, mais lui explique que je dois d’abord me restaurer. Pas de problème. Il m’accompagne jusqu’à une petite terrasse. Là, la pratronne, une cambodgienne rondelette d’une petite trentaine d’années, m’accueille avec le sourire, une carte en anglais à la main.
Je me pose, consulte la carte, me rabats sur un « bay chhar sach chruk » (riz sauté au porc), que j’accompagnerai de soda. Elle sourit à mon accent barang mais elle a compris sans difficulté, et nous commençons à bavarder en attendant l’arrivée de ma commande. Elle croit sans doute me faire plaisir en m’appelant « pou » (oncle). Je suis un peu pris au dépourvu, je croyais encore faire partie de la génération des « bang » (grand frère). Peu importe.
Le riz sauté et la cannette de boisson gazeuse ingurgités, j'explique que je vais me lancer dans l’ascension motorisée du monticule et cherche du regard le jeune homme qui m’avait proposé ses services. La patronne me présente alors son mari, qui est aussi mince qu’elle est rondelette, en me faisant comprendre que puisque je parle (mal, la parenthèse est de moi) khmer, je n’ai pas besoin de recourir aux services du vélomotoriste bilingue, et que son unilingue de mari fera bien l’affaire.
Je grimpe donc sur le siège passager d’un vélomoteur flambant neuf, je tends au garde le billet que m’a remis Mr. Saroeurn et qui me permet d’économiser les deux dollars que coûte l’entrée, et nous nous lançons à l’assaut du Phnom Sampoeuv. La montée est un peu hoquetante, et je m’inquiète pour la partie moteur du bicycle, à l’inverse de mon conducteur qui a du mal a garder le contrôle de son véhicule et qui rit à gorge déployée en voyant les regards ahuris que jettent les autres visiteurs à notre bien étrange attelage.
Nous arrivons sur plate-forme. Le vélomoteur est placé en équilibre sur sa béquille, et mon compagnon guide mes pas, d’abord sur le toit d’un réservoir dans lequel les Khmers rouges, m’explique-t-il, faisait couler le sang des prisonniers qu’ils égorgeaient.
Il tente aussi, avec bien peu de succès car mon bilinguisme est somme toute limité, de me conter par le détail une légende à laquelle je comprends bien peu de choses, si ce n’est que c’est une histoire d’amour tragique telle que les Cambodgiens les adorent, que les collines qui se dressent aux alentours du Phnom Sampoeuv sont en fait les protagonistes de cette histoire d’amour et qu’ils sont plantés là pour l’éternité. Il m’oriente ensuite vers les fameuses « killing caves », grottes de la mort.

A ce que j’ai cru comprendre, le petit monticule qui se trouve légèrement à droite est l’un des principaux personnages de la légende citée ici

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