dimanche 19 avril 2009

Nouvel an chinois 2009 au Cambodge : Episode 22bis – Rencontres sur le Phnom Sampoeuv, suite

Nous descendons les escaliers en béton qui mènent à ce qui se révèle être une grotte unique. Sur la gauche, pas très loin de l’entrée, en levant le regard, on aperçoit une ouverture par laquelle, m’explique mon guide, les Khmers rouge précipitaient leurs victimes qui venaient s’écraser sur les rochers aux contours déchiquetés qui se trouvent en contrebas.
Une petite pagode à la porte en fer forgé a été construite au fond de la grotte. Ses murs latéraux en verre laissent voir de vieux vêtements sur lesquels on devine des traces de sang séché, qui se mêlent aux innombrables ossements humains.

A la droite de l’entrée se trouve aussi une cage grillagée dans laquelle se trouvent des crânes et de longs os retrouvés sur place. Mon guide a pris le soin de disposer les ossements pour me permettre de prendre une « belle photo ». J’ai voulu l’arrêter, en vain.

Nous nous asseyons un instant pour profiter de la fraîcheur de la grotte, et nous bavardons. Au bout d’un moment, je détourne la conversation et demande à mon guide ce qu’il pense du procès Khmer Rouge qui est sur le point de débuter. Je suis un peu surpris par sa réponse : cela ne l’intéresse visiblement pas beaucoup, et c’est avec douceur qu’il m’explique que finalement, il n’est pas à exclure que ce furent les subalternes qui, pour faire « plaisir » à leur hiérarchie, se montrèrent un peu trop zélés dans la chasse à l’ennemi de l’intérieur. J’ai bien peur qu’il aie un peu raison, quelque part, et sa réponse ne m’aide certainement pas à comprendre pourquoi ces subalternes ne sont pas aujourd’hui sur le banc des accusés du tribunal de l’ONU, aux côtés de leurs chefs.
Nous sortons de la grotte, retrouvons notre monture, et nous dirigeons vers la partie de la colline où ont été construites les deux pagodes vues de loin. Je passe indifférent devant la pièce d’artillerie, fais la sourde oreille aux sirènes qui me proposent bières Angkor et sodas frais, et monte encore quelques marches avant d’arriver au pied de la pagode moderne. Je jette un coup d’oeil alentours. Effectivement, la vue est belle. On entrevoit même la route de latérite qui mène de Battambang à Païlin. Fatigué, essoufflé et en sueur, je m’asseois sur l’une des marches de la pagode.

En contrebas, la route de latérite de Battambang à Païlin

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