lundi 20 avril 2009

Nouvel an chinois 2009 au Cambodge : Episode 22ter – Rencontres sur le Phnom Sampoeuv, suite et fin

Alors que mon guide et moi bavardons doucement de tout et de rien, je vois arriver un petit moine âgé, enveloppé dans sa robe monacale. Il s’asseoit à côté de moi, je le salue en levant les mains jointes au niveau du visage, et il commence à mesurer l’épaisseur de mon torse, une main dans le dos, une autre sur ma poitrine. Pendant toute la durée de notre entrevue, il gardera avec moi un contact physique, me tenant le bras ou la main, ou posant sa main sur mon dos.
Il s’exclame à la vue de la sueur qui traverse mon T-shirt. Il semble aussi un peu inquiet de mon essoufflement, et je crois comprendre qu’il gourmande gentiment mon guide en le tenant un peu pour responsable de mon piteux état. J’ai du mal à saisir tout ce que dit le vieil ecclésiastique, mais nous commençons à discuter, parfois avec l’aide de mon guide qui « traduit », lorsque je ne suis plus la conversation.
Il me demande d’où je viens. Je réponds que je viens de France, mais que j’habite en Chine.
Je l’entends alors me dire : « Khniom... kona » (Je... kona).
Je réponds : « Khniom ch’mouh Pascal » (Je m’appelle Pascal).
Mais il répète : « Khniom... kona ». Je réitère ma réponse. Je crois qu’il me donne son nom, et lui donne donc le mien.
Mon guide sourit, et parvient à m’expliquer tant bien que mal que « kona », ce n’est pas le nom de ce vénérable moine ! Un laïc comme moi, lorsqu’il s’adresse à un moine khmer, ne dois pas dire « khniom » pour dire « je », mais « kona ». Je suis pardonnable : c’est la première fois que je m’adresse à un moine khmer ! Je tente d'utiliser « kona » à bon escient pendant la suite de la conversation, mais je m’embouille un peu. A chaque fois que je me trompe, mon guide et le moine sourient avec indulgence.
Le vénérable moine poursuit son interrogatoire : quel est mon âge, quel est mon travail, combien ai-je d’enfants, combien de bols de riz je mange à chaque repas. Je lui annonce un nombre de bols de riz que j’annonce qui a rien d’extraordinaire, aussi a-t-il l’air de s’étonner de la corpulence d’un homme dont la consommation de riz, somme toute, n’a rien d’excessif. Et moi de lui expliquer que mon embonpoint tient plutôt à ma consommation exagérée de viandes et de mon goût assez peu modéré pour le jus de malt fermenté et vieilli en barriques, de provenance écossaise de préférence. Il s’enquiert alors du genre d’alcool que je bois, et du prix de la bouteille de mon whisky préféré. Ayant un peu honte des sommes dépensées en ce domaine, je minimise le chiffre. Nous continuons à bavarder. Nous prenons une photo, que voici :

A la fin de la conversation, il me dicte l’adresse à laquelle je dois lui envoyer la photo que nous avons prise ensemble, puis, sans préavis, me demande de faire une offrande dont le montant correspond presque exactement au prix d’une bouteille de jus pur malt. Je m’exécute, et j’ai droit à une bénédiction en règle, qui, je l’espère, me portera chance.
Nous retournons sur nos pas, retrouvons le vélomoteur, et dévalons la colline à une vitesse que je trouve un peu excessive, compte-tenu du caractère plutôt abrut de la pente qui borde la route cabossée et couverte de gravillons de la descente, mais nous nous en sortons sans souci.
Je retrouve l’échoppe où j’ai déjeuné. La patronne m’accueille en souriant, et demande à son mari de lui narrer notre périple. Arrive une vendeuse qui propose une friandise que je connais pas, présentée de petits pots en plastique qu’elle sort d’une glacière. La patronnne me demande si je veux goûter. (Cette fois, elle m’a appelé « bang ». Cette petite excursion m’aurait donc rajeuni ?) Il s’agit d’une sorte de flan parfumé à l’amande, bien raffraîchisant.Je salue mes hôtes, et retrouve Mr. Saroeurn et son tuk-tuk. Prochaine étape annoncée : Ek Phnom. S’il y a encore de l’escalade à faire, nous pourrions peut-être omettre cette étape ? Mr. Saroeurn me rassure : le temple Ek Phnom est construit au niveau de sol, pas besoin de grimper un escalier monumental, cette fois.

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