mardi 14 avril 2009

Nouvel an chinois 2009 au Cambodge : Episode 20 – Battambang la rustique

Le lendemain de ma leçon de cuisine khmère, après un passage rapide au Cybercafé pour envoyer et relever mes mails, je demande à Monsieur Saroeurn de m’emmener voir les quelques sites autour de Battambang qui sont au programme de tous les touristes. Saroeurn connaît son affaire, et me propose, dans l’ordre : Wat Banan, Phnom Sampoeuv et Ek Phnom. Juché sur la banquette du tuk-tuk rouge, armé d’une bouteille d’eau et bardé de deux paquets de cigarettes, je me laisse guider par mon chauffeur.
Vers la sortie de la ville, j’aperçois les pauvres cabanes dans laquelle vit le petit peuple de Battambang. Pas bien engageant, mais bien plus vivant que les magnifiques villas aux portails clos, avec garde armé affalé sur une chaise à l’entrée, gros 4x4 parqué devant le trottoir, et barbelés ornant le mur d’enceinte, que l’on peut indifféremment voir à Siemreap, Phnom Penh ou Battambang.
Nous croisons aussi foule d’enfants en uniforme, chemise blanche et pantalon ou jupe, bleu pour les élèves du primaire ou du collège, noir pour les lycéens. Au fur et à mesure que nous nous éloignons de la ville, les grands « Hello ! » que me lancent systématiquement la plupart des enfants, qu’il s’agisse des écoliers, des petits bouviers ou des garçons déculottés prenant le frais dans les mares plus ou moins boueuses au bord de la route, sont de plus en plus sonores. Quelques enfants, plus timides, une minorité, se contentent d’un petit signe de la main. Et on est toujours récompensé d’une immense sourire ou d’un bel éclat de rire lorsque l’on retourne un signe de la main aux uns, ou un « Hello ! » fort et clair aux autres.
Les petites routes de campagne (parlerions-nous de « chemins vicinaux » ?) sont en bien mauvais état. Je n’ose pas imaginer ce que cela doit être pendant la saison des pluies. Nous traversons les villages, nous nous rangeons sur le côté pour laisser passer les voitures, nous ralentissons derrière les carioles tirées par des boeufs avant de trouver assez de place pour les dépasser. Je me remémore un reportage sur la lenteur mise par les parlementaires japonais forcés d’aller voter sur un projet de loi acquis d’avance mais auquel ils s’opposent : le journaliste expliquait que ces parlementaires pratiquement le « pas du boeuf »... En prenant mon mal en patience derrière les chars à boeufs cambodgiens qui obstruent les chemins trop étroits, je perçois dans toute sa lenteur la marche régulière et monotone de ces animaux que les panneaux dessinés par un fonctionnaire khmer zélé voudraient faire passer pour des charolais. (Voir l’épisode 14 de ce récit.)

La campagne battambangaise vue du Phnom Sampoeuv

Les villages défilent le long du chemin. Les enfants sont partout : 35,6% des habitants du royaume ont moins de 14 ans, dit l’article de Wikipedia consacré à la démographie du Cambodge. Cela se voit !
Un garçon sortant de l’école juché sur un vélo trop grand pour lui, voyant un gros barang arriver vers lui à toute vitesse, est tellement surpris qu’il en est déséquilibré et manque de peu de tomber à terre. Je souris, mais lui a visiblement été pris par suprise, et il en oublie de respecter la règle de politesse qui veut que l’on salue tout étranger par un grand sourire.Pendant toute la journée, mis à part l’entrée et la sortie de la ville, la seule voie de circulation d’importance que nous emprunterons sera, sur le chemin du retour, la route entre Battambang et Païlin. Une bien mauvaise route en latérite, défoncée sur presque toute sa surface (en tout cas sur toute la portion que nous avons parcourue). Dans le sillage des véhicules qui sont devant nous, nous sommes noyés dans des nuages de poussière rouge qui s’incrustera dans tous les pores de ma peau et qui ne voudra les quitter qu’après trois vigoureux rinçages successifs à l’eau claire.

Embarquement d'un transport de passagers à la mode locale à la sortie d'Ek Phnom



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